lundi 11 novembre 2013

Saveurs artificielles



L’industrie du goût

L’IFF ou « International Flavors & Fragrances » est le plus grand producteur mondial d’agents aromatiques et gustatifs (en toute discrétion). Pourtant ce groupe influe sur ce que mangent des millions de personnes entre les soupes instantanées, la viande en conserve, les snacks à réchauffer aux micro-ondes, les pizzas surgelées, etc. Ce groupe produit également des bases de parfums que l’on retrouve chez les grands noms de parfumeurs et met au point des odeurs destinées à attirer les clients… diffusées par les climatisations!

Par ex, l’IFF a déposé des brevets qui protègent divers procédés:
· un produit alimentaire « à base de muscle » (brunit au micro-onde en moins de 10 min et présente un goût de viande grâce à une poudre aromatique)
· une combinaison de produits chimiques qui permet de donner une note fruitée aux aliments, savons, lessives, …
· un procédé qui dissipe l’amertume des soupes industrielles

Or c’est le sens du goût qui nous permet de contrôler les aliments, certains goûts agissent comme des signaux d’alerte en faisant percevoir l’aliment concerné comme non consommable è si on dissimule ce goût, l’organisme risque d’absorber des produits qui peuvent lui être préjudiciables.

Les arômes artificiels sont la clé de voûte de la production alimentaire moderne. Sans ces mystérieuses poudres et jus énigmatiques, les produits industriels ne seraient pas consommés et seraient donc invendables.


Les arômes dits « naturels » … ?!?

Les arômes sont nécessaires à la valorisation de matières premières insipides, pour masquer le désagréable arrière goût de la technologie agroalimentaire. Or, ce qui séduit de nombreux clients, c’est la Nature! Instinctivement, les gens savent qu’une grande quantité de produits chimiques dans leur alimentation n’est pas bonne pour la Santé. La notion de « naturel » a un donc écho très positif auprès des consommateurs. En revanche, tout ce qui paraît « artificiel » nuit aux industriels du goût de part les « incidences négatives sur l’acceptation du produit par le client ».

C’est ainsi que sur les étiquettes, tout est fait pour éviter ce mot « artificiel » qui provoquerait un rejet du consommateur. Le législateur a validé ce principe à condition qu’il soit réservé aux étiquettes destinées aux consommateurs, lorsque les industriels négocient entre-eux, cela reste clair et net!

Les copeaux de bois, naturels mais impropres à la consommation humaine, servent désormais à fabriquer des arômes « naturels » en laboratoires: copeaux de bois australien + alcool + eau + ingrédients « top secrets » que l’on mélange pour faire une pâte que l’on cuit quelque temps pour obtenir un bel « arôme naturel de fraise »!! En modifiant la recette, il est possible d’obtenir d’autres « arômes naturels de fruits » ou de contrefaire la présence de cacao, de chocolat, de vanille, … . De même pour l’huile de ricin (dont les chimistes tirent un arôme de pêche), pour le mélange d’acide chlorhydrique + soude caustique + restes de noisettes + gluten de blé + ???, dont le produit final émet une odeur de salami ou de viande de porc considérée comme « naturelle»!!

La dépendance au goût

Le goût est devenu un instrument de marketing. Mais la dose habituelle ne semble plus satisfaire les consommateurs. La plus importante des tendances actuelles est la demande en matière de goût prononcé. Lorsque les gens ne mangent jamais ou presque jamais les produits frais équivalents, ils ont une acceptation grandissante du goût artificiel auxquels ils sont exposés et si on leur donne à choisir entre le produit frais et le produit aromatisé, la préférence va au produit aromatisé parce-que le goût est plus intense. Actuellement, les jeunes ne distinguent une saveur qu’après une stimulation 20 fois plus forte qu’il y a 10 ans! Or le goût se forme dès l’enfance: si la nouvelle génération préfère l’industriel au naturel, toute une branche d’activité va disparaître... L’industrie mise sur la jeune génération: c’est son avenir et de grosses sommes d’argent qui sont en jeu !! En France, les enfants contribueraient aux décisions d’achats pour 66 milliards d’euros. Les enfants de 7 à 15 ans ont en mémoire 700 noms de marques et deviennent ainsi « des conseillers très motivés qui aident leurs parents à planifier les achats quotidiens ».

L’organisme leurré et carencé

Les arômes induisent l’organisme en erreur. Lorsqu’ils signalent un goût donné, le cerveau est informé de ce goût, les glandes digestives s’activent et tout le système digestif se prépare à transformer le type d’aliment correspondant au goût identifié. Mais quand cet aliment fait défaut en réalité, l’organisme est leurré et devient physiologiquement en état de manque. C’est ainsi que la fringale s’installe et qu’instinctivement, on continue à manger pour compenser ce manque. Le goût artificiel désoriente donc l’organisme et crée des perturbations pour celui-ci qui reçoit des messages mensongers des pseudo-aliments, qui sont en plus carencés en vitamines et sels minéraux.

Quand les fonctions naturelles de l’organisme sont déconnectées, quand ce n’est plus le goût qui règle l’appétit et la satiété, on continue à ingérer des aliments. C’est alors qu’apparaît un phénomène qui peut paraître paradoxal dans notre civilisation: obésité et malnutrition chez les mêmes personnes.

Additifs pas si inoffensifs

Chez les enfants, le nombre de cas d’asthme a augmenté de 200% en 20 ans entre 1970 et 1990, selon les chiffres de l’OMS. D’autre part, 5% à 15% de la population européenne souffrirait d’une allergie alimentaire. Des études allemandes font apparaître que 31% des cas d’urticaire seraient dû à des additifs alimentaires. De même, une autre enquête a montré que l’eczéma a été déclenché par des tests aux additifs chez la moitié d’une population d’enfant souffrant d’eczéma dit atopique (considéré initialement comme en lien avec des facteurs génétiques).

Les limites entre la nature et la chimie ne peuvent plus être tracées avec précision à notre époque où règne le « naturel artificiel », provenant de copeaux de bois, de soja génétiquement modifié (lécithine de soja), …

L’accumulation des ingrédients et le mélange d’additifs différents créent des risques supplémentaires. Même si chacun d’entre-eux ne semble pas porter préjudice individuellement (d’après des études sur des souris), leur combinaison (entre-eux ou avec d’autres substances) peut avoir un effet toxique (par exemple des antibiotiques, des pesticides, des métaux lourds, …).

Les chimistes savent bien que « plus un mélange chimique contient de substances et moins chacune d’entre-elles doit être concentrée pour provoquer un effet toxique global »: c’est l’effet cocktail.

Les enfants hyperactifs

Au début des années 1980, Joseph Egger, neurologue à Munich, a découvert que la migraine infantile et l’hyperactivité pouvait avoir une origine alimentaire. A l’époque, il avait entrepris de démontrer que les colorants et conservateurs artificiels contenus dans les aliments ne présentaient aucun danger!

Il a en réalité découvert le contraire de ce qu’il voulait démontrer.

Après avoir exclu de l’alimentation des enfants les produits industriels ainsi que les aliments connus pour être des « déclencheurs » d’allergie tels que soja, lait de vache, poisson, noisettes, œufs, il a découvert que:
· le comportement des enfants hyperactifs s’était amélioré pour 89% d’entre-eux
· 93% des enfants souffrant de migraines ne présentaient plus de troubles
· la guérison d’asthme et d’eczéma
· la récidive des troubles après la reprise des habitudes alimentaires antérieures… !

 Bibliographie 
Arômes dans notre assiette. La grande manipulation. Hans-Ulrich. GRIMM, édition Terre Vivante - l’écologie pratique 2004

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